Sheila a fait un retour fracassant en 2025, avec la sortie de son nouvel album "A l'avenir", sorti le 4 avril dernier. La chanteuse phare des années yéyés (à revisiter dans notre article de cette semaine), toujours en pleine forme, nous livre un 12 titres très solide, et prouve qu'elle est encore tout à fait pertinente musicalement, et heureuse de continuer à faire ce métier. Parmi ces morceaux, on retrouve notamment "Simone", un bel hommage à Simone Veil.
Elle était de passage cette semaine dans le podcast Légendes, animé par Isabelle Giami, et elle en a profité pour faire part de toute son admiration envers la célèbre femme politique française, mais aussi pour parler de ce qu'est, pour elle, le féminisme, en donnant sa vision de la femme libre dans notre société actuelle. Elle a d'ailleurs commencé par expliquer comment est venue l'idée de faire une chanson sur Simone Veil.
Ce n'est pas une idée à moi. Je travaille avec Amaury Salmon, et on voulait à la base faire une chanson sur ma grand-mère [...] Donc on discute des femmes, de la vie en général, et de l'importance d'une grand-mère, et après il me demande 'est-ce que ça te plairait de chanter une chanson sur Simone Veil ?'
Alors il ne faut pas me demander ça à moi (rires), j'y vais, j'y cours, je mets les deux pieds dedans et je dis 'bien évidemment'. Parce que, quelle femme, quelle histoire, pour tout ce qu'elle a fait, c'est un exemple aujourd'hui.
Il ne faut pas oublier qu'à l'époque, quand elle s'est battue pour la loi pour l'avortement, elle s'est battue contre des hommes, seule. Elle s'est faite sifflée, enfin tout ce qu'on connait... Je trouve ça important de le chanter car je ne pense pas qu'aujourd'hui, à l'école, on enseigne aux petits qui est Simone Veil, ce qu'elle a fait et combien elle a été importante dans l'histoire des femmes.
Sheila livre également sa vision du féminisme, et comment cette vision s'est construite à travers son vécu et son expérience, elle qui fêtera bientôt ses 80 ans et qui a donc vécu l'arrivée du féminisme dans le débat publique français.
Il y a le féminisme, mais le féminisme, c'est pas juste 'je suis contre les mecs'. D'ailleurs, ça ne veut pas dire grand chose. C'est aussi se dire que on est femme, mais être une femme libre, à mon avis, c'est être une femme qui est capable de gagner sa vie, et qui, même si elle vit avec un mec, de prendre sa valise et dire 'tu sais quoi ? On ne s'entend plus, ciao'. Pour moi, la liberté d'une femme, c'est son indépendance, et son indépendance, c'est le fait de gagner son argent.
Quand j'arrive dans l'industrie, on est dans les années 62. Et dans ces années-là, les filles restent à la maison, il n'y a pas de jean, il n'y a rien, on ne se maquille pas, on parle de rien, quand on se roule une pelle on tombe enceinte (rires), on est très loin de tout ce qui existe aujourd'hui. La chance que j'ai eue, c'est d'avoir des parents qui m'ont laissée faire ce que je voulais. C'était une très grosse chance pour moi.
Des mots sages et très intéressants, de la part d'une personne qui a vécu tous les chamboulements qui ont eu lieu sur ces sujets lors des années 60 et 70. Qu'est-ce que ça fait plaisir de voir des artistes de la trempe de Sheila, qui ont le background nécessaire pour parler de tout ça avec pertinence. Ça permet aussi de se rendre compte qu'aujourd'hui, le combat des femmes pour leur indépendance, qui passe aussi par l'argent, et donc par un salaire égal aux hommes, n'est toujours pas gagné partout.