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L'Impératrice : l'enfer traversé par la chanteuse Flore Benguigui

L'Impératrice : l'enfer traversé par la chanteuse Flore Benguigui

Humiliations, violences psychologiques : la chanteuse a quitté le groupe il y a plusieurs semaines, et on comprend mieux pourquoi...

Un départ soudain avant la tournée

Il y a quelques semaines, à la fin du mois de septembre 2024, on apprenait que la chanteuse officielle du groupe L'Impératrice, reconnu pour son travail dans le registre disco-pop depuis presque dix ans, quittait le navire. Une annonce surprenante et qui tombait juste avant le départ du groupe pour leur grande tournée internationale, juste après la sortie de "Puslar". L'annonce avait surpris tous ceux qui suivaient le groupe, d'autant que Flore Benguigui affirmait que son départ était motivé par de "profonds désaccords personnels et artistiques" et on se demandait bien de quoi elle pouvait parler. Quelques semaines plus tard, la chanteuse a livré sa version des faits un peu plus en détails, et on comprend bien mieux pourquoi elle a quitté le navire...

Humiliations et violences psychologiques

La chanteuse s'est livrée à propos des raisons qui ont motivé son départ auprès de Mediapart, ce weekend. Pourquoi Mediapart pour parler de musique ? Car ce ne sont pas seulement des raisons musicales qui ont motivé le départ de Flore Benguigui, mais bien des humiliations et des violences psychologiques répétées, comme elle l'affirme. Elle est donc revenue sur ses 9 ans d'enfer dans la vidéo postée par le média, en expliquant notamment que : "On m'a toujours répété que j'étais une mauvaise chanteuse, que je chantais faux ou pas assez fort. C'est un groupe avec beaucoup d'instruments, il y avait un mur d'amplis sur scène. Très rapidement, il y a eu cette pression pour me faire chanter plus fort".

Forcément, ne pouvant pas chanter plus fort que les amplis, les membres de L'Impératrice se sont mis à tricher en live, ce qui a mis la chanteuse assez mal à l'aise :

Ce que les gens entendaient dans la salle, c'est 50% de ma voix live, et 50% ma voix préenregistrée. On était obligé d'utiliser cet artefact pour pouvoir m'entendre dans la salle. C'était très difficile à vivre car j'avais l'impression de tricher, de mentir au public.

Il faut dire aussi que tous les musiciens du groupe pensaient que "la voix passait en dernier". La chanteuse a finalement perdu toute confiance en elle, ayant constamment peur d'être renvoyée du groupe, et redoublant d'efforts dans des domaines qui n'étaient pas le sien comme le merchandising ou encore les réseaux sociaux, pour rester dans l'équipe. 

J'avais une image de personne puissante : j'étais la frontwoman d'un groupe qui tourne beaucoup, j'écris mes textes, je réponds aux interviews... On a l'impression que je suis dans le contrôle, mais il y avait un contrôle constant de deux des membres du groupe, et du manager. 

Ce qu'elle disait sur scène devait en amont être validé par le manager et les autres membres. Des membres qui se comportaient de manière étrange, capables de lui faire plein de cadeau, mais aussi de la rabaisser ou de la menacer physiquement, ce que Flore Benguigui apparente à du "love bombing", une technique bien connue des pervers narcissiques. 

Quand les choses ne font qu'empirer

La chanteuse était donc dans une sorte d'état de stress permanent, avec une inquiétude constante sur le fait de savoir ce qui va bien lui arriver, ce qui a fini par lui faire perdre sa voix en 2021, lors de l'enregistrement du deuxième album de L'Impératrice. Finalement, elle a dû continuer à se produire sur scène, mais en play-back, plutôt que de prendre du repos pour revenir en forme avec sa voix : 

Personne n'a pensé qu'il fallait que je m'arrête. (...) Pendant un an et demi, j'essayais de chanter au maximum, j'étais en quasi-playback. Pour une chanteuse, c'est une humiliation énorme. (...) Le soir je pleurais systématiquement, tout le monde le voyait. J'étais en dépression, sous anxiolytiques.

Elle a donc fini par quitter le groupe, alors que les pressions se faisaient encore plus constantes autour de l'enregistrement de leur nouvel album "Pulsar", qui devait notamment leur permettre de chanter des nouveautés sur la scène de Coachella en avril 2024. Une bien triste histoire, on espère que la chanteuse a pris du temps pour elle afin de se reconstruire après ces 9 années de calvaire. L'intégralité de l'article de Mediapart est trouvable en cliquant ici.