Indochine fêtera ses 40 ans de carrière en 2021. Un anniversaire que les rockers ont décidé de célébrer avec un peu d'avance. En mai dernier, la sortie de leur tube inédit : "Nos célébrations", marquait le début des réjouissances. La fête s'est poursuivie en août avec la parution de "Singles Collection 2001-2021", une compilation des plus grands succès du groupe durant les 20 dernières années. "Singles Collection 1981-2001", disponible à partir du 11 décembre prochain, permettra de prolonger cet anniversaire exceptionnel en retraçant les 20 premières années de la célèbre bande. La tournée "Central Tour", qui débutera l'année prochaine, sera le point d'orgue de ces festivités. Pour promouvoir cet album, Nicolas Sirkis a dévoilé un duo magistral avec Christine and the Queens. Intitulé "3SEX", il s'agit en réalité d'une reprise électro de "3ème sexe", l'un des titres emblématiques d'Indochine, datant de 1985.
Pour le leader du groupe, travailler avec l'interprète de "Damn, dis-moi" sur cette chanson, était une évidence :
"J'ai senti alors que beaucoup de générations se regroupaient autour de ce morceau. Pour la sortie d'une compil best of, j'ai proposé à Christine d'en faire sa propre version 3.0. Elle a eu carte blanche. Pour moi, c'était la seule personne qui pouvait la reprendre. J'ai été très honoré qu'elle accepte", confie-t-il à nos confrères du magazine ELLE. Pour celle qui s'appelle en réalité Héloïse Letissier, défendre ce titre était une véritable chance : "J'ai immédiatement su que j'allais dire oui. J'ai aussi eu la pression car je fais partie des gens pour qui cette chanson est importante. Le texte est d'une fraîcheur absolue, d'une modernité géniale. C'est un coup d'État poétique".
Les deux artistes ont également évoqué les souvenirs associés à cette musique. Pour le chanteur de 61 ans, elle marque les débuts de leur bande dans les années 80 : "Former un groupe de rock, se maquiller : on était sur une sorte de vague que rien ne semblait pouvoir arrêter. On était dans l'urgence, on vivait des choses extraordinaires ou improbables sans se rendre vraiment compte de ce qu'il se passait. Quand je revois le clip de "3e Sexe", je regarde ce fond violet, ces fleurs, ce côté Prince et néo-psychédélique qu'on avait voulu lui imprimer". Ce tube a été, pour la Nantaise de 32 ans, "un espace de liberté, au même titre que Bowie, Björk ou Patti Smith. Et une vraie invitation joyeuse à une rébellion saine et contagieuse" mais aussi un moyen d'affirmer son identité : "Ce morceau, écouté dans ma jeunesse, a tapé dans mon inconscient et mes obsessions, car j'avais déjà commencé à déconstruire ce qu'on attend de mon genre, et du genre en général".
La modernité des paroles et son message de tolérance permettent aujourd'hui encore de déconstruire les clichés sur le genre. Un combat cher à l'interprète de "Saint-Claude" qui a décidé d'apparaître torse nu sur la pochette du single : "Aujourd'hui, on assiste à des confusions très étranges qui créent un discours hyper puritain. Il y a confusion entre sexualité et nudité, et je pense que la plupart des artistes sont intéressés par l'idée de repousser les limites (...) Je voulais éviter l'écueil du duo trop genré homme-femme, et créer une symétrie, un dialogue un peu différent, plus naturel, plus égalitaire ". Un choix appuyé par Nicolas Sirkis : "J'étais sensibilisé au sujet par ma fille, qui a 19 ans, et qui me demande souvent pourquoi les garçons ont le droit de se mettre torse nu et pas les filles. Si Christine se mettait torse nu, alors il était évident qu'il fallait que je le sois aussi. C'est presque un acte politique. On voulait créer un certain esthétisme, une complicité entre nous".
Héloïse Vers.