Ce soir, Envoyé Spécial s’intéressera à deux sujets : la fuite d’informations sur Facebook et la crise de l’hôpital public.
Dans ce numéro, Elise Lucet fait témoigner Paméla, une infirmière d’un service d’Urgences, qui a tenté de se suicider, épuisée par les conditions de travail. Elle déclare : « J'ai fait ma journée comme d'habitude mais je sais que je vais mourir ce jour-là. Je sais que c'est ma dernière journée. J'ai pris une seringue d'insuline et ensuite j'ai l'impression d'avoir été un robot. Je suis descendue au vestiaire, j'ai pris ma douche, je me suis injecté l'insuline et j'ai attendu. »
La jeune femme travaille depuis 7 ans dans ce service. Mais en décembre, elle craque. Après s’être injecté la dose d’insuline, elle commence à penser à sa petite fille. Elle se sent coupable de la laisser seule. « Je suis remontée aux urgences et je leur ai avoué ce que j'avais fait. Ils m'ont sauvée la vie », confie-t-elle.
C’est le travail qui a failli la tuer. Elle raconte comment elle est passée de 20 patients par jour à ses débuts, à presque quatre fois plus aujourd’hui. « On est arrivé à une déshumanisation de notre travail. On se dépêche, on ne parle plus aux patients... Je me suis sentie maltraitante. » A certains moments de la journée, notamment à l’heure du déjeuner, il lui arrivait de se retrouver seule. Elle devait alors choisir de quel patient s’occuper et lequel il fallait laisser sur le carreau. Des choix parfois cornéliens.
Selon une récente enquête de l'association Soins aux Professionnels de Santé (SPS), un quart des soignants ont déjà eu des idées suicidaires du fait de leur travail au cours de leur carrière. Avec 1,6 milliards d'euros d'économies à réaliser dans le budget des hôpitaux publics en 2018, la pression sur le personnel soignant est clairement exacerbée. Depuis janvier 2018, 9 suicides ont été enregistrés