Stromae : sa performance au JT a sauvé des vies

En mettant en lumière les thèmes du suicide et de la dépression.

Il y a quelques jours, Stromae surprenait le monde en chantant son nouveau single "L'enfer" en direct du plateau du journal de 20h de TF1. Si quelques esprits chagrins ont regretté la détournement d'une telle institution, tout le monde a appaludi l'exceptionnelle prestation de l'artiste belge et les dirigeants de la chaîne se sont félicité de lui avoir dit oui. Surtout, cette chanson, qui porte sur des sujets très graves et très importants, la dépression et le suicide, a eu déjà eu un impact considérable sur les patients et les soignants en mettant en lumière un grave problème dont on parle trop peu. Cela a ainsi libéré la parole et les appels aux psychiatres ou au 3114 (numéro national de prévention au suicide) ont explosé. Unemise en lumière dont se félicite Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui s'est fendu d'un message de remerciement à Stromae.

"Un grand merci à Stromae d’avoir abordé le sujet difficile du suicide dans votre dernier album. Tellement important de demander de l’aide si vous en avez besoin."

Il n'est pas le seul professionnel de santé à avoir trouvé salutaire l'intervention de Stromae comme l'a expliqué Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent au CHU de Lille et coordinateur adjoint du 3114 sur l'antenne de BFMTV.

"Il y a des gens qui nous appellent et qui font référence explicitement au fait qu'ils ont vu Stromae à la télé. De manière très claire, on a un effet Stromae. (...) Il a pu manifester ou exprimer ses difficultés et ça les a encouragés, ça a libéré une forme de parole (...) Ça fait très longtemps qu'on milite pour le fait que la parole se libère autour des idées suicidaires et du suicide. L'idée de ne pas en parler, c'est que ça fait peser sur les personnes qui en souffrent un sentiment de honte et de culpabilité. (...) Le fait qu'une célébrité puisse en parler aussi clairement, c'est de nature à favoriser la parole."

Nicolas Rainteau, psychiatre au CHU de Montpellier, a tenu plus ou moins le même discours, à la fois sur Twitter et dans les colonnes du Parisien.

"L'impact qu'a eu Stromae en trois minutes, je ne l'aurais jamais en une vie de psychiatre ! Ceux qui ont connu la dépression savent que ce n'est pas évident d'en parler. Lui décide de le faire. Franchement, on prend le cadeau. Qu'un artiste aussi adulé, respecté et talentueux parle en son nom d'un sujet aussi tabou et caché, cela a forcément un impact énorme. D'abord, cela prouve que cela peut arriver à tout le monde et apporte une certaine "normalité" à ceux qui en souffrent."

Comme quoi, Stromae, c'est parfois bien plus que la musique...