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Serge Gainsbourg : Charlotte se confie

La comédienne se souvient.

Le 2 mars 2021, cela fera trente ans que Serge Gaisnbourg a disparu. Alors que les hommages se multiplient à l'approche de cette date et qu'un coffret intégral riche de 20 albums et 271 chansons débarque dans les bacs, Télérama a demandé ses sentiments à sa fille, la comédienne Charlotte Gainsbourg, à l'approche de cet "anniversaire" pas comme les autres. Âgée d'à peine 20 ans, elle se souvient.

"Je me sentais acculée, je n'ai pas su gérer mes émotions au milieu d'une telle effervescence. Il a fallu que je rejette tout en bloc. Je n'avais pas envie de partagerJe comprends maintenant ce besoin qu'ont les gens de me parler de lui et l'affection qui s'en dégage, mais quand j'avais 19 ans, il n'y avait que ma peine, et je me sentais agressée : "Comment peuvent-ils ne pas voir qu'ils me meurtrissent quand ils me racontent leurs souvenirs ? Avec Bambou et ma soeur Kate, nous sommes restées sur le lit, nous ne pouvions pas nous séparer de lui. C'était étrange. Enfin non. J'étais encore comme une enfant, avec tout ce que cela avait de déraisonnable. On ne reste pas allongé à côté d'un mort pendant plusieurs jours, moi je l'ai fait, et personne ne m'en a empêchée."

Ce drame a si profondément marqué la jeune femme que lorsqu'elle a commencé à écrire des chansons, c'est tout naturellement qu'elle a abordé ce thème.

"Les premières paroles ébauchées parlaient de mon père. L'image de lui sur son lit de mort qui est au coeur de la chanson "Lying with You". Le souvenir d'un moment qui m'a semblé durer des mois où je suis restée à ses côtés, collée à son corps froid."

Aujourd'hui, Charlotte Gainsbourg a compris que, comme elle, les gens avaient besoin eux-aussi de se souvenir du chanteur afin d'exprimer leur peine et leur respect. C'est pourquoi elle a transformé sa maison de la rue Verneuil à Paris en musée dédiée à la mémoire de son père.

"Il n'a pas rédigé de testament. Les premières années, j'ai essayé que l'idée prenne corps, ensuite il y a eu des hauts et des bas. Aujourd'hui, le désir se matérialise. Nous avions prévu d'ouvrir la maison pour le trentième anniversaire de sa mort, le Covid nous a fait prendre du retard, mais nous serons prêts avant la fin de l'année. Les murs sont recouverts de feutre, les bruits sont étouffés, le décor est chargé d'objets de collection. J'ai choisi de ne toucher à rien, avec peu de visiteurs et une annexe pour prendre les billets, afin de ne pas toucher à la façade, couverte de messages et de graffitis depuis toujours. Il y aura des choses à voir et à entendre…"