Le fait d'être artiste implique aujourd'hui une certaine exposition médiatique, ce qui fait forcément que tout ce que vous dites est entendu par des centaines de milliers de personnes et d'un coup, votre avis compte. Deux choix s'offrent alors à vous : profiter de toute cette audience pour faire passer des messages qui vous tiennent à cœur, ou ne rien dire de peur de froisser une partie du public et de moins vendre par la suite. Zaho de Sagazan a clairement fait son choix : c'est une artiste engagée, qui prend souvent des positions politiques fortes, quitte à déplaire.
La chanteuse a toujours cultivé son indépendance, sa liberté, le fait de pouvoir faire ou dire un peu ce qu'elle veut, quand elle le veut, ce qui n'est clairement pas le cas de tous les artistes aujourd'hui. Trop peu d'artistes décident de prendre des risques, artistiquement ou politiquement, avec leurs faits et gestes qui sont scrutés par le public et leur maison de disques. En interview pour le podcast "Processus" produit par Konbini, Zaho de Sagazan s'est dite très satisfaite de la position dans laquelle elle se trouve aujourd'hui :
Il n'y a personne qui me dit quoi faire. Si j'ai envie de prendre sept ans à faire le prochain album, je prendrai sept ans ! Si j'ai envie que le prochain album soit de la techno allemande, je ferai de la techno allemande. C'est un luxe infini.
Un luxe infini, dont elle use lorsqu'elle veut se positionner politiquement dans l'espace public. Ce qui a parfois des conséquences inattendues sur sa carrière, comme la foi où elle a été déprogrammée de plusieurs radios du groupe Bolloré après avoir critiqué Cyril Hanouna :
Des gens m'ont dit : "Tu fais de l'art donc divertis nous, parle pas de politique." Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? On n'est pas en train de jouer au Yams, c'est de la musique ! [...] Tu ne peux pas être passionnée de culture et en même temps lui ch*** dessus en politique, ce n'est pas possible. L'artiste est là pour réunir et pour faire passer des messages, et je pense que chacun a quand même une petite mission. Je me suis toujours donnée un peu cette mission-là.
Zaho de Sagazan va même un peu plus loin, en affirmant que pour elle, l'art est politique, et qu'avec la période troublée qu'on traverse, elle a évidemment un rôle à jouer au vu de son exposition médiatique :
Aller à un festival, c'est politique. Ce qui se passe en ce moment, ça nous bouscule tous. On est tous en dépression de voir ce qui arrive. On a tous peur, on a tous plein de trucs. On a tous espoir, et je pense que la musique est là aussi pour ramener de l'espoir et dire qu'on est tous ensemble et qu'on va essayer de s'en sortir.
Heureusement qu'il reste encore quelques artistes pour assumer leurs prises de position politiques, car il faut avouer que ces dernières années, tout a tendance à devenir lisse, probablement par peur de voir des tonnes de critiques déferler sur les réseaux sociaux.
