Parfois, on a l'impression que la musique s'est dépolitisée. Que les artistes sont hors sol et qu'ils n'ont qu'une vague idée de ce que peut vivre leur public. D'ailleurs, leur silence durant cette crise lié à la réforme des retraites est assez éloquent. Pourtant, il ne faut pas croire que la déconnexion est totale. Invité samedi soir dans l'émission "Quelle époque !" en même temps que l'ancien candidat à la présidentielle Eric Zemmour, Patrick Bruel n'a pas mâché ses mots pour dire ce qu'il pensait des idées de l'homme politique.
"Pourquoi avoir axé quasiment tout votre discours, toute votre campagne, sur la division ? Au lieu de rassembler les gens, vous divisez les gens. C'est ça qui vous est reproché et qui je crois a, à un moment donné, été une partie de la désertion peut-être d'une partie de gens qui pouvait vous faire confiance."
Zemmour n'a pas refusé l'échange malgré la tension entre les deux hommes.
"Je suis monté jusqu'à 18/19% [dans les sondages, ndlr], après deux mois de campagne. Au moment où j'ai parlé le plus librement et uniquement du grand remplacement et de l'islamisation du pays. Donc, vous voyez, je suis monté très haut. Ce n'est qu'après, parce que justement les médias se reprenant, et diffusant des discours et des images..."
Et de poursuivre avec un couplet anti-médias déjà entendu maintes et maintes fois pour justifier son échec à la dernière élection présidentielle.
Mais Patrick Bruel ne s'est pas démonté :
"Pourquoi surfer sur les peurs ? Pourquoi ? C'est tout bête... Mettre tous les musulmans dans le même sac..."
Agacé, le politicien lui a coupé la parole.
"Je n'ai jamais mis tous les musulmans dans le même sac. Vous ne m'écoutez pas Patrick Bruel ! Les musulmans peuvent très bien avoir une pratique de l'islam compatible avec la République."
Patrick Bruel a ensuite insisté sur le fait que les médias l'avaient invité tout le temps et partout et s'est demandé comment, en procédant ainsi, Eric Zemmour pouvait se dire victime des médias...
Un échange tendu qui montre que Patrick Bruel n'est pas un citoyen au-dessus des autres et qu'il s'intéresse à son pays. On ne peut que le féliciter.
