Eddy de Pretto sort du silence après la condamnation de ses harceleurs

Eddy de Pretto sort du silence après la condamnation de ses harceleurs
Eddy de Pretto a donné une grande interview à Mediapart.

Il estime possible de changer la société.

Alors que 11 des 17 cyber-harceleurs d'Eddy de Pretto ont été condamnés par la justice, le chanteur que l'on avait peu entendu sur ce sujet avant le verdict a pris la parole lors d'une émission de Mediapart, "A l'air libre" dans laquelle il a notamment expliqué qu'il n'avait pas pris la parole plus tôt pour ne pas qu'on l'accuse de faire du buzz sur cette grave affaire.

"Je ne voulais pas qu'on m'accuse d'utiliser ce procès pour mon image, que ce soit une histoire de buzz. Je voulais précisément utiliser ma parole une fois le verdict tombé pour pouvoir expliquer pourquoi j'ai fait cette procédure et quelle était la motivation pour la cause générale."

Mais plus que cela, il a rappelé ce qui s'est passé dans les jours qui ont suivi sa prestation durant le festival "Qui va piano va sano" qui s'est déroulé dans l'église Saint-Eustache à Paris.

"Pendant 4-5 jours, je me suis pris des raids de la part de groupes de gens qui ont commencé à lancer énormément de messages sur les réseaux. Ça va être des menaces de mort, des attaques homophobes, des discriminations sur mes prises de position, des liens avec le racisme au plus large, des choses assez violentes, assez flippantes. Ma grande peur, c'était que ça puisse arriver véritablement. Certains disaient connaître mon adresse, d'autres parlaient de me trouver là où je faisais des dédicaces. C'étaient des messages toutes les minutes. J'ai reçu 3 000 ou 4 000 messages. (...) Ça en a fait disjoncter certains. Mais ce ne sont pas que des mots."

Oui, il a eu peur, à tel point qu'il se déplaçait avec un garde du corps. Le verdict de la justice va donc dans le bon sens pour lui.

"Je suis content de voir que la justice répond en ce sens pour le cyberharcèlement et contre les discriminations. On est un peu au début de cette ère-là. Comment on gère ces commentaires, ces flux ? Aujourd'hui, on a des réponses. C'est un grand message que la justice française a voulu passer. (...) Non, la justice ne fait pas rien."

Surtout, il en a tiré des conclusions évidentes : il faut "éduquer" les forces de l'ordre à ce type de harcèlement et il faut porter plainte dès que ça se produit.

"Beaucoup expriment qu'on n'a pas d'armes, qu'il n'y a pas de réaction face à la haine en ligne. Il faut amener une pédagogie par rapport à ça, au niveau des instances politiques et judiciaires. Au procès, à plusieurs reprises, le juge m'a demandé comment ça se passait Instagram, il m'a demandé de lui expliquer une story [...] Plus on aura éduqué notre justice à voir ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux, plus on arrivera à nos fins, c'est-à-dire moins de violence et de haine [...] Je pense qu'il faut aller porter plainte quand on le peut, c'est très difficile mais on a besoin de toutes ces petites pierres-là pour avancer, pour montrer que c'est possible de changer notre société."

Sans doute que ce procès fera jurisprudence. On l'espère en tout cas.