Serge Gainsbourg continue de fasciner, alors qu'il est mort depuis presque 35 ans. Génie parfois incompris, qui avait l'air de vivre son succès (et les critiques qui vont avec) assez difficilement, il avait une personnalité atypique qui pouvait également, par moment, se révéler problématique. Avec son goût prononcé pour la provocation, et pour l'alcool, son comportement pouvait vite être jugé outrancier. Mais ce ne sont pas les seuls reproches qu'on a fait à l'artiste : selon le compositeur Jean-Claude Vannier, Gainsbourg s'attribuait parfois le mérite d'un travail qui n'était pas le sien.
Pour ceux qui ne le savent pas, Jean-Claude Vannier est un compositeur et arrangeur musical assez célèbre, qui a travaillé avec de grands noms de la musique, comme Nino Ferrer, Dalida, Yves Duteil, Françoise Hardy, Claude Nougaro, et donc, Serge Gainsbourg, avec qui il a composé l'album "Historie de Melody Nelson" en 1971, mais aussi "L'Enfant assassin des mouches", en 72. Et d'après le compositeur, "il voulait mettre son nom partout alors qu'il ne faisait pas grand-chose. À cause de ça, il s'est fâché avec beaucoup de ceux qui ont travaillé avec lui. Moi aussi, j'ai rompu la collaboration mais on est restés amis jusqu'à sa mort", comme il l'a confié dans Télérama.
Le compositeur a également eu d'autres problèmes avec le musicien, notamment au sujet des droits d'auteur et de la propriété intellectuelle :
J'avais envoyé ce thème à Serge, comme ça m'arrivait régulièrement. Quand j'ai fait la musique du film, je lui ai dit qu'il ne pouvait plus utiliser cette mélodie et il a acquiescé. Mais il a sorti la chanson en même temps que sortait le film. L'édition lui ayant fait un procès, on a été réintégrés dans nos droits. Il ne pouvait pas dire qu'il ne l'avait pas fait exprès.
Mais Jean-Claude Vannier n'avait pas que des vacheries à dire aux médias à propos de Serge Gainsbourg, qui a quand même eu un rôle central dans la construction de l'album "Histoire de Melody Nelson".
L'introduction est pas mal, la fin aussi, et j'aime assez le passage des chœurs. On avait enregistré les rythmiques de l'album à Londres, les cordes à Paris, puis Serge a écrit les textes en écoutant les musiques.
Difficile de savoir s'il s'agit là d'une rancœur un peu déplacée, ou si ça reflète simplement la vérité de l'industrie musicale, avec le nom de Serge Gainsbourg mis en avant parce qu'il serait plus vendeur. En tout cas, le fait que 30 ans après sa mort, on trouve encore des gens pour parler du grand Serge, ça montre qu'il aura vraiment marquée son époque de son empreinte, même s'il a évidemment été aidé par d'autres artistes.
