Louis Bertignac : on a lu "Jolie petite histoire"

L'autobiographie du guitariste de Téléphone.

Évidemment, "Jolie petite histoire" rend hommage à un des tubes de Louis Bertignac, "Cendrillon". Évidemment, c'est bien pratique pour un titre de livre qui, en plus, rappelle un classique. Mais, "Jolie petite histoire", c'est finalement la meilleure traduction de ce que l'on peut lire dans les pages de l'autobiographie du guitariste et de l'ancien membre Téléphone. Parce que comme le dit l'adage, ce sont les petites histoires qui font la grande histoire. Et Louis Bertignac l'a parfaitement compris.

LE JEU COMME MOTEUR

Même s'il garde une certaine chronologie pour nous raconter son parcours, il le fait au travers d'anecdotes, de tranches de vie plutôt que dans un style plus académique. Il ne cache rien, de ses résultats scolaires en berne quand il découvre la guitare à ses échecs, de ses amours à la drogue mais il ne s'étale pas, comme si, au fond, tout cela n'était pas si important. En vérité, il n'y a rien de normal lorsqu'il s'agit d'une rockstars, même s'il réfutera certainement ce terme. Car ce n'est pas ce qui ressort du livre dans lequel s'ébat un véritable gamin, les yeux ouverts comme des soucoupes volantes devant tout ce qui lui arrive. Bertignac, c'est un gamin à qui on a donné une guitare et qui a passé sa vie à en jouer, à jouer tout court, en vérité. Car c'est bien ce mot qui revient le plus souvent dans les pages de ce bouquin. Louis Bertignac a joué toute sa vie, de la musique, évidemment, mais aussi avec la vie, prenant parfois des paris fous. Tout plutôt que la vie normée à laquelle on le prédestinait. Alors oui, parfois, on saute du coq à l'âne, il y a aussi des disgressions "techniques" à propos de telle façon de jouer ou de telle guitare qui feront plaisir aux spécialistes et le néophyte a clairement du mal à comprendre mais qu'il lit quand même car on sent l'enthousiasme du chanteur pour la technique et l'instrument. Alors, on y croit et on a envie de savoir.

PASSIONNÉ ET PASSIONNANT

Parce que c'est un point central du livre : Bertignac ne triche pas, il ne cache rien et nous communique son enthousiasme de jeune homme même quand il raconte les dissensions au sein de Téléphone ou sa rupture avec Corinne. Il sait qu'il n'est pas tout blanc mais on a envie de l'excuser pour tout tant on comprend qu'il vit sa passion à fond, qu'il veut en profiter au maximum et surtout qu'il a envie de nous la faire partager. Il faut le lire raconter ses rencontres avec les Stones, ses bœufs avec des musiciens connus ou inconnus etc. Car le centre de la vie de Louis Bertignac, c'est la musique et gageons que même s'il n'avait pas eu la carrière qu'il a eu, il aurait continué de jouer, encore et toujours même sans la gloire, même sans l'argent parce que son envie était plus forte que tout. C’est donc un livre de passionné écrit par un passionné et non pas un journaliste qui aurait traduit ses mots. On sent donc sa simplicité, sa joie, son plaisir à partager avec nous des petits bouts de sa vie et on sent aussi qu'il n'a pas écrit ce livre pour autre chose que pour cela, le partage.

Au final, que l'on soit fan ou pas de Bertignac et/ou de Téléphone, on se laisse facilement emporter et on est heureux de tout ce qui lui arrive car il le raconte avec des yeux d'enfant, ce qui permet de nous faire rêver nous aussi. Ce livre est donc tout aussi un moment de partage qu'une page d'histoire de l'histoire du rock. Et en le lisant, on a l'impression nous aussi d'en faire partie. "Une jolie petite histoire" qui nous fait passer un chouette moment.

Grégory Curot